Aux films des pages

A la découverte des fictions

Une autre idée du bonheur : Un road novel léger

Écrit par: AI - août• 23•14

Lutte pour un idéal, et quand bien même tu mènerais des combats de Don Quichotte, cela en vaudrait toujours la peine. Si tu croises la route de quelqu’un qui souffre, ne passe pas ton chemin, si tu rencontres quelqu’un qui a faim dans la rue, c’est à toi qu’il incombe de mettre un terme à cette abomination, si tu vois un homme se faire malmener parce que sa peau est d’une autre couleur que la tienne, deviens caméléon, quant à ceux qui te diront qu’il n’existe de Dieu que le leur, rappelle-leur que c’est Lui qui a créé le monde en couleurs et la paré de tant de diversité.

Une autre idée du bonheur

Agatha sort enfin de prison après trente années passées derrière les barreaux. Cependant, ce n’est pas parce qu’elle est libérée qu’elle sort, mais parce qu’elle s’enfuit, à quelques années seulement de sa libération officielle. Pourquoi ce risque? À une station d’essence, elle croise la route de Milly, une jeune femme trentenaire, au train-train quotidien bien réglé entre son travail décroché pendant ses études, sa vie de couple, ses sorties avec son meilleur ami et sa passion pour son Oldsmobile. Au fil de cinq jours de cavale à bord de la voiture de Milly – notons que Milly ne sait tout d’abord rien de la situation d’Agatha – les deux femmes apprendront à se connaitre tout en visitant les anciens amis et le passé d’Agatha afin de se rapprocher d’un secret que cache la fugitive. Petit à petit, au fil d’histoires sur leurs vies, leurs rêves et leurs amours, elles découvriront une autre idée du bonheur. Cependant, le lecteur viendra petit à petit à se demander ce qui lie vraiment les deux femmes et si Agatha est montée par hasard dans la voiture de Milly.

Une autre idée du bonheur est le quinzième roman de Marc Levy. L’auteur, comme à son habitude, choisit un thème intéressant, mais même s’il y a des approches qui gagnent à être remarquées, la majorité du roman est traitée de manière quelque peu superficielle. En effet, l’auteur aborde une quantité de sujets différents, mais a un peu du mal à approfondir ces thématiques. Ainsi, le roman se lit très rapidement sans pouvoir toutefois être qualifié de « haletant ». Comme d’habitude, tous les personnages sont présentés minutieusement et ont diverses caractéristiques légèrement farfelues – comme, par exemple, Jo qui aime jouer de l’orgue à des enterrements – qui semblent plaire à l’auteur. Ce type de caractéristiques ne sonne pas de manière sincère et ressemble plus à de beaux mots dédiés à rendre les héros uniques plutôt que comme des qualifications des personnages. Malheureusement, au lieu de les servir, ces distinctions offrent au lecteur des protagonistes qui peuvent paraître superficiels et clichés, mais pourtant touchants par moments. L’intrigue, quant à elle, ne démarre vraiment que vers le deuxième tiers du roman même si ses fils sont plutôt visibles et si nous devinons. à quelques détails près, la fin. À travers ces personnages légèrement futiles, mais avec un bon fond nettement présent, l’auteur offre au lecteur une morale bien traditionnelle. Néanmoins, même s’il semble avoir du mal à se renouveler avec les particularités de ses divers personnages, Marc Levy tente de plus en plus d’introduire une touche de suspens à ses histoires. Ainsi, à travers l’enquête que l’on mène avec les héroïnes, nous ne nous ennuyons pas pendant la lecture en tentant de reconstituer le puzzle mis en place par l’auteur.

Malgré ses défauts, ce roman permet de se détendre et de passer un bon moment loin des lectures plus recherchées et/ou compliquées. Le lecteur a l’occasion de voyager à travers l’Amérique et de découvrir une époque révolue où les gens luttaient pour la liberté et leurs idéaux − même si c’est « vite fait » − bien loin de la génération Facebook, comme le fait remarquer Agatha. Le roman est aussi en quelque sorte une ode à la Beat Generation où Agatha représente cette fascinante jeunesse qui se battait pour ce qu’elle croyait juste. Finalement, si l’auteur développait le vocabulaire choisi et ses sujets un peu plus, son roman passerait dans une autre catégorie de littérature et intéresserait à ce moment-là un public différent. C’est une écriture simple et accessible qui caractérise des auteurs comme Marc Lévy et, finalement, si nous ne lui en demandons pas plus, nous pouvons sortir plutôt satisfaits de notre lecture.

Marc Lévy. Une autre idée du bonheur. Robert Laffont/Versilio. 2014


Acheter le livre:

pannierAcheter le livre/ebook/livre audio sur Amazon

 

You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.

Laisser un commentaire

Publicité