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Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent… : Un voyage littéraire dans le monde d’un génie musical

Écrit par: AI - juil.• 26•14

Bach c’est la musique que Dieu écrit. Mozart, c’est la musique que Dieu écoute. Beethoven, c’est la musique qui convainc Dieu de prendre congé car il constate que l’homme envahit désormais la place… à la foi en Dieu, Beethoven substitue la foi en l’homme.

Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent…

Cet essai musical, comme nous pourrions l’appeler, fait partie du cycle Le Bruit qui Pense créé par Eric-Emmanuel Schmitt et qui inclut également l’ouvrage Ma Vie avec Mozart relatant des passages de la vie de l’écrivain en rapport à des morceaux de Wolfgang Amadeus Mozart. Par ailleurs, à travers cet essai, l’auteur plonge bien plus dans des thèmes philosophiques que dans ses autres œuvres, qui contiennent néanmoins ce type de réflexions.

À travers une écriture délicate, Eric-Emmanuel Schmitt emmène le lecteur à travers ses pensées qui lui sont tour à tour inspirées par des morceaux de Beethoven. Ouvrage d’un genre particulier, le lecteur doit l’appréhender en écoutant en même temps un CD comprenant des morceaux du grand compositeur, au moment où le texte indique de le faire.

L’ouvrage commence par une phrase bien simple, « entre Beethoven et moi, ce fut une histoire brève mais forte » et, cet essai peut être qualifié de la même manière: bref mais fort. Ce sont des pensées très personnelles que l’auteur partage avec le lecteur. Son appréhension de la musique de Beethoven est particulièrement individuelle aussi. Ainsi, la musique de Beethoven sonnera peut-être d’une manière différente à l’oreille du lecteur-connaisseur de la musique du compositeur. Celui qui ne connait pas bien l’œuvre du musicien, la découvrira donc sous un angle bien particulier sans pour autant apprendre des choses bien nouvelles sur le compositeur lui-même. Dans les deux cas cependant, le lecteur s’imprégnera d’une musique qui sonnera de manière magique à ses oreilles.

La musique de Beethoven sera appréhendée dans cet essai comme symbole de l’humanisme, de l’héroïsme, de l’optimisme. Une musique enflammée stimulera les passions humaines et explosera dans L’Hymne à la Joie. Rêvant de l’homme pour l’homme, le génie musical, infirme et seul, cultivera pourtant la joie en dépassant la tristesse et la souffrance de l’homme fragile. Il créera « Une messe pour l’humanité » dit Eric-Emmanuel Schmitt tout en imaginant un dialogue imaginaire avec le compositeur:

Beethoven me dévore de ses yeux noirs, fumants et m’objecte:
- Le but n’est pas de changer la condition humaine en devenant immortel, omniscient, tout-puissant; non, le but est d’habiter la condition humaine.

Un essai à l’écriture simple mais profonde où les mots coulent d’eux-mêmes comme la musique et offrent au lecteur de belles phrases à retenir et auxquelles réfléchir tout en lui permettant de s’immerger dans un monde à part où les mots et les notes ne font plus qu’un. Cependant, il faut remarquer que si l’on veut vraiment lire les passages correspondants au morceau en même temps qu’on écoute ce dernier, les extraits musicaux sont un peu trop longs pour permettre une lecture continue.

Alors que Eric-Emmanuel Schmitt avoue avoir délaissé la musique de Beethoven après l’avoir passionnément écoutée pendant son adolescence et être retourné à elle plus tard, au fil de ses réflexions, il dépeint un homme à part, un génie qui a su donner du sens à l’humanité à travers ses notes: quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent!

A noter néanmoins que l’œuvre partagera probablement les lecteurs. Alors que certains diront que l’expérience d’une lecture-écoute est particulièrement intéressante, d’autres désapprouveront le concept. Alors que certains apprécieront la vie et les pensées d’Eric-Emmanuel Schmitt mis en parallèle avec la musique de Beethoven, d’autres trouveront le style de l’écrivain prétentieux mais simpliste en même temps ou diront encore que l’appréhension d’une musique aussi grandiose est trop personnelle pour qu’on en parle et même trop parlante d’elle-même pour que quelqu’un discoure sur elle. Néanmoins, c’est un concept de littérature assez nouveau et il vaut le détour pour se faire sa propre opinion et, comme nous l’espérons, offrir un bon moment littéraire et musical.

PS: L’essai est suivi par un court texte intitulé Kiki Van Beethoven où Ludwig Van Beethoven continuera d’influencer des vies, mais cette fois-ci celles de personnages fictionnels.

Eric-Emmanuel Schmitt. Quand je pense que Beethoven est mort alors que tant de crétins vivent. Albin Michel. 2010.


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