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La Belle et la Bête : Plein les yeux, rien dans la tête

Écrit par: JS - sept.• 20•14

Un marchand (André Dussolier), ruiné par le naufrage de ses navires, se retrouve dans l’obligation de s’exiler à la campagne avec ses six enfants. Parmi eux, se trouve Belle (Léa Seydoux), jeune fille aux goûts simples qui prend ce coup du sort comme il est, sans s’en plaindre et, bien au contraire de ses sœurs, plutôt gaiement. Quand un des navires est retrouvé, le marchand croit à un revirement de fortune. En rentrant chez lui, il tombe sur un château en ruine teinté de magie, d’où il ressort repu et riche de joyaux apparus devant lui. Cependant, avant de partir, il décide de prendre une rose pour Belle. Mal lui en prend, puisqu’il se retrouve face à la fureur de la Bête (Vincent Cassel), maître du château. Il a le droit de rentrer chez lui pour dire adieu à ses enfants, mais doit ensuite revenir. Apprenant cela et se sentant coupable, Belle décide de prendre la place de son père. Là, elle rencontre la Bête, qui n’a pas l’intention de la tuer. Par d’étranges rêves, elle apprend son histoire…

La Belle et la Bête

Cette énième adaptation du conte populaire est un échec cuisant au niveau du scénario. Le seul point positif du film réside dans les paysages à couper le souffle, la musique enivrante, et les costumes magnifiques. Le reste… n’est presque que du vent.

Tout d’abord, le jeu des acteurs n’a aucune consistance et sonne faux – ceux-ci étant, certes, peu aidés par les dialogues convenus et d’une pauvreté navrante – tout comme les sentiments des personnages. Leur évolution est incompréhensible. Belle passe du dégoût à l’amour si vite qu’on n’y croit seulement parce qu’on connaît le conte. Ici, la magie de la jeune femme tombant amoureuse de la bête, séduite par sa beauté intérieure qui se révèle au fil de leurs échanges, est remplacée par un syndrome de Stockholm flagrant et rapide. Des échanges entre les deux protagonistes, on ne voit que quelques disputes autour du dîner, une danse qui se termine par Belle repoussant la Bête, et… c’est à peu près tout. Belle apprend en effet à connaître le prince à travers ses rêves, mais elle le voit amoureux d’une autre femme et de toute façon assez peu avenant. Pour couronner le tout, leur baiser final semble forcé et l’on ne ressent ni complicité, ni amour. Ce qui déçoit particulièrement, c’est l’absence du sens même du conte, c’est-à-dire la manière dont l’amour peut sauver. Là, on a l’impression qu’elle l’embrasse parce qu’elle sait que c’est comme ça qu’elle va le sauver et non pas parce qu’elle est profondément amoureuse. De plus, Belle n’est plus le grand amour de la Bête comme d’habitude, elle est là comme la remplaçante de la femme qu’il n’a pas su garder. En même temps, c’est original, car, pour une fois, la première épouse n’est pas montrée comme quelqu’un de foncièrement méchant.

Ensuite, on ne comprend pas grand-chose. À quoi servent notamment les petits êtres qui peuplent le château ? On réalise assez vite qu’il s’agit là des chiens du prince, transformés en même temps que lui en ces êtres réalisés avec des images de synthèse absolument ridicules. Belle nous dit qu’ils deviennent ses meilleurs amis. Ah. Bon. On ne le voit pas en tout cas. Ils sont là, à la suivre, mais ne sortent jamais et fuient quand elle se retourne. Elle n’a pas de vraie interaction avec eux et on a finalement l’impression qu’ils ne sont là que pour faire joli et attendrir une partie des spectateurs. Par ailleurs, l’insistance visuelle sur le décolleté de Léa Seydoux a également assez peu de sens. Il y a aussi des ajouts qui font que tout part dans tous les sens, comme des géants dont on ne sait pas l’origine…

Petit plus tout de même pour l’idée des rêves, qui est, cependant, assez mal exploitée – on en a un peu assez au bout d’un moment de voir Belle courir au ralenti. En somme, pas de charisme, de réelle magie, ni de sensualité. On en ressort avec une impression d’inachevé.

Christophe Gans, La Belle et la Bête, Eskwad, 2014.


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