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Les neuf vies d’Edward : Amour félin

Écrit par: JS - oct.• 11•14

Elle s’était éveillée avant lui. Elle l’avait regardé puis elle avait refermé les yeux pour mieux sentir son ventre chaud contre le sien. Elle avait respiré son odeur, juste au-dessous du cou, et s’était répété, comme tous les matins depuis leur rencontre, que ces moments de sérénité s’accordaient avec l’espoir et la naïveté de l’aube. Delphine restait allongée sans bouger, refusant de tirer Edward de son sommeil, profitant de son inconscience pour l’observer, pour se repaître de sa beauté, s’en délecter.

Les neufs vies d’Edward

Photographe à Paris, Delphine est malchanceuse en amour. Elle collectionne les amants, ce qui déplait à Edward, son chat – à qui elle porte un amour profond et qui le lui rend bien – qui compte bien y remédier avant de mourir. En huit vies, entre Égypte ancienne, XVIème siècle parisien, seconde guerre mondiale et d’autres encore, Edward a eu le temps de se faire une idée sur la nature humaine. Il en est maintenant à sa neuvième et dernière vie et décide de tenter de retrouver Sébastien – ou plutôt sa réincarnation –, un homme qui s’est occupé de lui lors d’un voyage en direction de la Nouvelle-France en 1670 et qui serait parfait pour Delphine. Dans l’une de ses vies, sa maîtresse, Catherine, une sorcière, lui a donné la faculté de lire dans les esprits. De ce fait, il est méfiant du bel Américain qui tourne autour de sa maîtresse, se doutant que ses intentions ne sont pas bonnes…

Livre à la fois touchant et original, Les neuf vies d’Edward nous fait voir la vie du point de vue d’un chat et de son odorat. Ce roman d’amour fait la part belle à la fantaisie, l’intrigue policière qui se développe lui donne des reflets de polar et la partie historique des différentes vies d’Edward est bien ficelée. Roman d’amour qui ne concerne d’ailleurs pas uniquement la recherche pour Delphine d’un partenaire à deux pattes, mais l’histoire d’amour la plus importante étant bien celle entre Edward et sa maîtresse.

Certains trouveront que le début traîne un peu en longueur et que tout ne commence vraiment qu’au cinquième chapitre, mais finalement, les premiers permettent de s’attacher aux personnages, de les découvrir et de faire connaissance. Ce livre sans ses premiers chapitres n’aurait pas la même âme, la même couleur et serait, finalement, amputé de quelque chose. Les parenthèses historiques, si on les suit bien, donnent encore plus de profondeur au roman et on se laisse volontiers emporter par l’écriture de l’auteure québécoise, en observant à travers le regard lucide et intuitif d’Edward les actions de ces bipèdes que nous sommes.

Si vous en avez, vous ne regarderez plus vos chats de la même façon ! Ils en savent parfois bien plus long que nous…

Chrystine Brouillet, Les neuf vies d’Edward, Éditions Denoël, 1998.


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