Sur la plage se prélassait une famille d’éléphants de mer avec un mâle gigantesque entouré d’une bande de petites femelle trapues, et de jeunes. Non loin de là, notre guide Bengt était en train de faire un exposé devant quelques admiratrices. Il ne s’est pas saisi d’une de ces femelles humaines pour commencer à se reproduire, mais il y avait des ressemblances intéressantes.
Wilma, Tomas et Alba ont embarqué tous les trois avec un groupe de Suédois, sur l’Orlovsky, ancien navire scientifique russe, pour une croisière de l’extrême entrecoupée d’escales dans l’Antarctique.
Wilma est une jeune trentenaire à la joie de vivre débordante, même si elle a un physique peu avantageux et cache un secret à ses compagnons de voyage, Tomas est un père divorcé dont les enfants ont été emmenés aux États-Unis par leur mère et est prêt à en finir avec la vie… Alors qu’ils ont des caractères opposés, Wilma et Tomas se côtoient avec une aisance déconcertante. Alba, quant à elle, est une septuagénaire en pleine forme, qui a le voyage dans la peau et la sagesse dans la tête. Dans un carnet, elle prend des notes, comparant la faune suédoise à celle de l’Antarctique ! Le trio éclectique forme une partie d’un groupe plus étendu, dont les âges et les intentions varient.
Le livre est coupé en chapitres focalisés sur les trois personnages principaux. Certains chapitres plus petits sont insérés entre eux, coupant la linéarité du récit et permettant d’avoir un point de vue encore plus ample de la situation. Ces personnages au chapitre personnel éphémère sont ainsi plus creusés et donnent de la profondeur au roman. Les notes prises par Wilma ont, quant à elles, un effet comique et ne manqueront pas de faire sourire le lecteur avec le choix des rapprochements et, surtout, la manière de les formuler !
Katarina Mazetti fait beaucoup parler d’elle, notamment avec son livre Le Mec de la tombe d’à côté (publication suédoise en 1999 et française en 2006), qui a remporté beaucoup de succès auprès des lecteurs de tous bords et a même été adapté au cinéma en Suède (2002). Ce dernier a ensuite été suivi par Le Caveau de famille (publication suédoise en 2005 et française en 2011).
Sa plume est sure, mord dans les mots avec justesse ; impression qui subsiste même si le texte français est une traduction (Lena Grumbach).
Gros coup de cœur pour ce livre aux comparaisons savoureuses !
Katarina Mazetti, Ma vie de pingouin (Mitt liv som pingvin, 2008), traduction du suédois par Lena Grumbach, Gaïa, 2015.
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